Le Bouchon du Darién : l'enfer des migrants vénézuéliens

Le Bouchon du Darién : l'enfer des migrants vénézuéliens
Des milliers de migrants tentent de traverser la rivière Turquesa, au cœur de la jungle marécageuse du Darién, à la frontière entre la Colombie et le Panama. @Federico Ríos (2023)

"Nous allons fermer le Bouchon du Darién", déclarait le candidat à la présidence du Panama, José Raúl Mulino, le 16 avril 2024, lors d’un meeting à Las Mañanitas. Un an plus tard, sa promesse est sur le point de se concrétiser. L'arrivée de Donald Trump à la tête des États-Unis ainsi que la politique de déportation xénophobe de ce dernier ont de fait dissuadé de nombreux migrants – notamment vénézuéliens – d'affronter le Darién, une jungle épaisse et dangereuse séparant la Colombie du Panama. En conséquence, le flux migratoire s’est effondré de façon spectaculaire : entre mars 2024 et mars 2025, il a chuté de 98 %, selon les données du gouvernement panaméen.

Le Président Mulino durant sa conférence de presse au Palais de Garzas, Panamá, le 13 mars 2025. @Reuters / Enea Lebrun
“ Il y a un an, 36.841 migrants traversaient illégalement la frontière du Darién ; aujourd'hui, mars 2025, ils ne sont plus que 112. Cela représente une diminution de 97 à 98% par rapport à l'année dernière, une réussite majeure selon les autorités de la Migration et du Senafront" déclare le Président Mulino pendant sa conférence de presse au palais de Garzas, le 13 mars 2025.

Au vu de cette baisse drastique, le gouvernement a décidé de fermer les centres d'aide aux migrants de Bajo Chiquito et Canaán Membrillo.

Quel impact ces fermetures auront-elles sur la trajectoire des personnes exilées ? Le Tapón del Darién est – ou était – l'une des frontière migratoire illégale la plus empruntée au monde, et ce malgré les nombreux dangers qu'elle présentait. Les personnes n'y ayant pas perdu la vie la décrive comme un véritable "cauchemar éveillé" tant les violations des droits fondamentaux y sont fréquentes, voire systémiques. Paradoxalement, cette politique migratoire conservatrice pourrait-elle, comme l’affirme Mulino, renforcer la protection des droits humains des migrants en les dissuadant d’emprunter un itinéraire aussi périlleux ?

Pour répondre à ces questions, il est essentiel de comprendre ce que représente réellement ce passage migratoire pour les milliers d'exilés qui s'y confrontent.

Des milliers de migrants marchent en file dans la jungle du Darién. @CNN (febrero de 2024)

Qu'est-ce que le Bouchon du Darién ?

Le Bouchon du Darién est une jungle dense qui s'étend sur plus de cinq mille kilomètres carrés entre le Chocó, l'un des 32 départements de la Colombie situé au nord du pays, et le Darién, l'une des 10 provinces du Panama. De nombreuses rivières traversent cette zone, si dangereuses qu'on les surnomme "les rivières de la mort". Il n'est pas rare d'y croiser les corps de migrants ayant tenté de les franchir, car elles constituent un passage obligatoire pour atteindre l'Amérique centrale ou les États-Unis.

La mort de Fidel Castro en 2016 a déclenché l'exode de milliers de Cubains, entraînant une hausse significative du nombre de personnes passant par le Darién, avec 30 055 traversées enregistrées à la fin de cette année-là. Depuis, les tentatives n'ont cessé d'augmenter : selon le Service Nacional de Migration de Panamá (SNM), le nombre de personnes traversant le bouchon a explosé, augmentant de près de 4 000 % entre 2020 et 2022.

Depuis l’arrivée de José Raúl Mulino à la présidence du Panama en juillet 2024, le nombre de migrants traversant la frontière du bouchon du Darién a fortement diminué, conséquence directe de la politique anti-immigration mise en place par son gouvernement.

Les migrants partent de Necoclí ou Turbo en bateau, traversent la mer des Caraïbes, puis affrontent la jungle du Darién avant d’arriver à Bajo Chiquito ou Canaán Membrillo, du côté panaméen. De là, ils rejoignent les ERM où ils reçoivent une assistance humanitaire. Ensuite, ils empruntent une ligne de bus mise en place par l'État pour atteindre le Costa Rica via la route panaméricaine.

Cette carte de situation met en lumière les principales routes migratoires empruntées par les migrants et demandeurs d'asile. Actuellement (2025), la station de réception migratoire de Lajas Blancas est fermée, et aucune information n'est disponible concernant l'avenir de celle de San Vicente.

Durant leur longue et périlleuse traversée, les migrants sont victimes de nombreuses agressions physiques, psychologiques et sexuelles. Selon un rapport de Human Rights Watch (HRW) de 2023, plus de 30% des personnes ayant traversé la frontière déclarent avoir été victimes d'abus. Ces chiffres sont probablement sous-estimés, étant donné que de nombreuses victimes ne témoignent pas des violences subies en raison de sentiments de honte ou de culpabilité.


Les failles structurelles de la Colombie et du Panama

En Colombie comme au Panama, l’État est absent des villes de départ ainsi que des régions traversées par le flux migratoire. Dans le Chocó, le pourcentage de personnes ne pouvant pas satisfaire leurs besoins de base est entre deux et quatre fois supérieur à la moyenne nationale – fixée à 14,28 % – selon des données du DANE. La situation est similaire dans le Darién : l’UNICEF alerte que 6 enfants sur 10 grandissent en situation de pauvreté multidimensionnelle, ce qui signifie que l'accès à l’eau potable, à l’électricité, à l’éducation et à d’autres besoins essentiels n'est pas garanti. Cela reflète l’abandon systématique de ces communautés par l’État.

Ces régions manquent de tout : routes, infrastructures, établissements scolaires, installations sanitaires, forces de l’ordre. L’arrivée de milliers de migrants a eu un impact contrasté sur cette situation. Comme ces derniers doivent payer 350 USD pour traverser, ils sont contraints de travailler quelques semaines afin de réunir la somme nécessaire, ce qui stimule l’économie locale. Mais, dans le même temps, cet afflux monétaire a aussi entraîné une hausse du coût de la vie, rendant l’aide humanitaire encore plus indispensable dans ces régions.

De plus, ces communautés ne sont pas préparées à faire face à un afflux migratoire d’une telle ampleur. La rareté des logements disponibles, combinée à l’inflation, contraint les migrants à camper sur les plages, où ils sont exposés à de nombreux risques de violence, en particulier les femmes, les enfants et les personnes LGBT. Début 2024, le Groupe Interagences sur les Flux Migratoires Mixtes (GIFMM) a rapporté qu’entre 300 et 350 personnes dormaient chaque nuit sur les plages de Necoclí, et entre 150 et 200 sur celles de Turbo.

Personnes qui campent sur la plage de Necoclí, le 07 octobre 2023. @Iván Valencia

La Colombie sous l’emprise grandissante du Clan du Golfe

L'absence de l'État dans les périphéries colombiennes, notamment dans le Chocó, a permis au Clan du Golfe d’y imposer son contrôle. Ce groupe criminel, apparu lors de la démobilisation des Autodéfenses Unies de Colombie (AUC) en 2006, profite de l’abandon étatique pour contrôler les routes caribéennes du narcotrafic, par lesquelles la drogue est acheminée vers l’Amérique centrale et le Mexique. Les membres du clan exploitent le flux migratoire pour renforcer leurs activités, en volant les téléphones des migrants ou en les contraignant à transporter de la drogue lors de leur passage vers le Panama. En cas de refus, ces derniers s’exposent à de violentes représailles de la part du Clan

La présence limitée des organisations humanitaires dans la région – en raison de problèmes de sécurité – entrave la surveillance, la prévention et la réponse aux abus subis par les migrants, aggravant ainsi ce contexte de violences et d’exploitation.

Face à cette impunité, le Parquet de Colombie a tenté de mener des enquêtes pour démanteler ces organisations criminelles. Cependant, conscient de ces opérations, le Clan du Golfe a délibérément mis en place des stratégies pour échapper à la vigilance des forces de sécurité. Il a corrompu les autorités locales qui, en échange d’un soutien économique – non compensé par l’État –, ont accepté de fermer les yeux sur ses exactions et de classer sans suite les enquêtes. En conséquence, les taux d’homicides et d’autres types d’abus sont plus bas dans le Chocó que dans d’autres régions de Colombie, contraignant les autorités à concentrer leurs efforts ailleurs.


Réussir à franchir le Darién : la fin du cauchemar ou le début d’un autre ?

Après avoir traversé la jungle du Darién, les migrants arrivent à Bajo Chiquito ou à Canaán Membrillo, des communautés autochtones autonomes. Épuisés par une traversée longue et éprouvante, ils ont un besoin urgent d’aide humanitaire : vêtements propres, nourriture, eau potable, soins médicaux. De plus, de nombreux migrants ont été victimes d’abus en chemin – vols, agressions sexuelles –, rendant cette assistance d’autant plus vitale. Cependant, l’État panaméen est lui aussi absent de ces zones. Les habitants vivent dans des maisons en bois sur pilotis, sans accès à l’eau potable ni à l’électricité, et sans infrastructures adaptées pour accueillir les migrants.

L'hôpital le plus proche se trouvant à Metetí, à quatre heures de route de ces communautés, les personnes blessées ou enceintes nécessitant des soins médicaux sont difficilement prises en charge. Lorsque des médecins sont présents sur place, ils se heurtent au manque d’infrastructures et à la pénurie de médicaments, ce qui les empêche de soigner correctement les patients. La suspension de l'ONG Médecins sans Frontières (MSF) en mars 2024, suite à une décision de l'État panaméen, a aggravé cette situation déjà critique.

Lit d'hôpital couvert de poussière à Bajo Chiquito, totalement inutilisable pour les patients ayant besoin de soins médicaux. @Human Rights Watch (2023)

Les communautés locales tirent toutefois parti de la situation migratoire pour améliorer leurs conditions de vie. Par exemple, elles imposent aux migrants des taux d'intérêt pouvant atteindre 20 % pour recevoir de l'argent de l'étranger ou pour se rendre aux ERM mises en place par l'État. Ces nouvelles activités économiques fragilisent la structure traditionnelle de ces villages et contribuent à l’érosion progressive de la culture locale.


Les Stations de Réception Migratoire (ERM) : un scandale humanitaire

Le Panama se vante d'être "l'unique pays de la région à offrir une aide et une assistance humanitaire gratuites". Pourtant, les ERM panaméennes sont dans un état déplorable et ne répondent que partiellement – voire pas du tout – aux besoins des migrants.

Les ERM sont des centres mis en place par l'État pour accueillir les exilés après leur arrivée dans les communautés autochtones. Pour s'y rendre, ils doivent embarquer sur des pirogues en bois depuis Bajo Chiquito ou Canaán Membrillo. Le trajet, qui dure entre quatre et six heures, est entièrement géré par les habitants. Les autorités étatiques n'inspectent ni l'état des embarcations ni ne régulent les trajets. Si les exilés n'ont pas les moyens de payer le transport, ils doivent travailler pour les locaux ou leur céder leurs objets de valeur, comme leurs téléphones.

Canoës qui partent de manaán Membrillo. Les sorties sont exceptionnellement coordonnées par des agents du Service National des frontières (Senafront). @Human Rights Watch (2022)

Les deux principales stations sont Lajas Blancas et San Vicente. D’autres existaient auparavant, comme La Peñita, dans le Darién, ou Planes de Gualaca, dans le Chiriquí, près de la frontière avec le Costa Rica. Toutefois, elles ont dû être fermées : la première en raison de la dégradation de ses infrastructures, la seconde parce que le tracé de la route migratoire a changé, rendant son emplacement moins pertinent qu’auparavant.

À l’origine, les ERM ont été mises en place pour répondre à des situations d’urgence. Toutefois, la crise s’étant prolongée, les infrastructures ne suffisent plus à faire face à l’afflux migratoire croissant. Les logements sont insalubres, l’éclairage est insuffisant et les sanitaires ne disposent d’aucune séparation entre les hommes et les femmes, augmentant ainsi le risque de violences sexuelles. Par exemple, dans un rapport publié en 2023, Human Rights Watch (HRW) indique que les portes des toilettes de l’ERM de Lajas Blancas ne peuvent pas se fermer, exposant les femmes à un risque accru d’agressions. Par ailleurs, même les besoins les plus élémentaires, comme l’alimentation, ne sont pas assurés : les rations sont insuffisantes et la qualité des repas est médiocre.

Dortoir mixte de l'ERM de San Vicente. L'absence de séparation entre femmes et hommes accroît le risque d'agressions sexuelles. @Human Rights Watch (2023)

De plus, ces centres ne sont pas en capacité d’accueillir l’ensemble des personnes arrivant sur place, faute de moyens. Ce problème de surpopulation, combiné aux mauvaises conditions des ERM, se traduit par d’interminables files d’attente, où des personnes patientent parfois plusieurs jours pour monter dans les bus mis à disposition par l’État afin de quitter ces lieux au plus vite et poursuivre leur route vers le Costa Rica.

Des dizaines de migrants et demandeurs d’asile attendent un bus qui les emmènera à Planes de Gualaca, localité proche de la frontière avec le Costa Rica. Cette photo a été prise avant la fermeture de l’ERM par l’État. @Human Rights Watch (2023)

La politique de "flux contrôlé" du Panama, dernière étape avant d'atteindre le Costa Rica

La dernière étape du voyage des migrants et demandeurs d'asile commence une fois qu’ils parviennent à monter dans un bus. Le transit est régulé par les autorités panaméennes, représentées par le Service national des frontières (Senafront).

Chaque trajet en bus coûte 60 USD. Auparavant, ceux qui ne pouvaient pas payer devaient contribuer à l’entretien des ERM ou, dans le cas des femmes, étaient victimes de chantage sexuel de la part des autorités nationales pour pouvoir embarquer. Cependant, depuis l’accident du 15 février 2023, au cours duquel un bus a explosé à quelques mètres de l’ERM de Planes de Gualaca, causant la mort de 39 personnes, plus aucune exception n’est accordée : tous doivent payer leur ticket.

Les conditions de transport dans ces bus sont extrêmement précaires. Les passagers sont entassés dans une atmosphère suffocante, beaucoup étant contraints de voyager debout ou assis dans les allées. De plus, aucun arrêt n'est autorisé, même pour aller aux toilettes, par crainte que certains en profitent pour s’échapper et rester au Panama. Cette gestion du flux migratoire s’inscrit dans la politique de "flux contrôlé", mise en place en 2016 à la suite d’un accord entre le Panama et le Costa Rica. Son objectif est de s'assurer que les migrants passent la frontière le plus rapidement possible, afin d’éviter qu’ils ne s’installent dans le pays et que le Panama ne devienne une "zone de transit prolongé".


L'impunité face aux violations des droits humains

Durant leur traversée, les migrants sont victimes d’abus, que ce soit de la part des membres du Clan du Golfe, d’autres migrants ou encore de fonctionnaires panaméens, qui profitent de leur position de pouvoir pour exploiter la vulnérabilité des exilés. Bien que ces derniers nient toute accusation de violence – notamment sexuelle –, plusieurs travailleurs humanitaires ont signalé avoir observé des « comportements excessivement proches » envers les femmes et les mineures. Dans son rapport de 2023, Human Rights Watch (HRW) rapporte plusieurs témoignages de violences, dont celui d’Andrés Midreros (pseudonyme), un professeur cubain de 26 ans :

Après avoir traversé la jungle du Darién à la fin de l’année 2022, Andrés et son épouse ont passé huit jours dans l’ERM de Lajas Blancas. Faute de moyens pour acheter un billet de bus vers le nord, ils comptaient travailler bénévolement pour les autorités du centre en échange d’un passage. Après quatre ou cinq jours à Lajas Blancas, Andrés a été témoin d’un officier du Senafront insultant un migrant haïtien et est intervenu pour le défendre. Le fonctionnaire lui a alors ordonné de le suivre jusqu’au bureau du Senafront et, une fois à l’intérieur, l’a menacé avec une barre de fer. Lorsque Andrés a tenté de s’enfuir, une douzaine d’agents l’ont rattrapé et ramené de force dans le bureau. Ils l’ont roué de coups au visage et sur le corps, puis lui ont mis un sac en plastique sur la tête pour l’asphyxier, a-t-il raconté à Human Rights Watch.

En ce qui concerne les chiffres, le Bureau du Procureur général de la Nation a informé HRW qu'en 2023, il avait reçu 654 plaintes pour des crimes commis dans la région du Darién. Plus de 1 700 victimes "déclarées" ont été recensées, mais leur nombre réel pourrait être encore plus élevé, car nombreux.ses sont celles et ceux qui n’osent pas témoigner par crainte d’être jugé.e.s. De plus, porter plainte implique de devoir rester plus longtemps dans les ERM, ce qui en dissuade beaucoup dues aux conditions déplorables de ces centres.

Certains migrants doivent également faire face à des barrières culturelles et linguistiques lorsqu'ils tentent de porter plainte. En l'absence de traducteurs, ils doivent souvent compter sur d'autres migrants pour interpréter, ce qui compromet leur droit à la confidentialité. De plus, les victimes doivent être escortées jusqu’au Procureur par des membres du Senafront pour pouvoir témoigner, un processus extrêmement intimidant qui en dissuade plus d'un, d’autant plus que ces "gardes du corps" peuvent être en réalité leurs propres agresseurs. Enfin, les procureurs présents dans les communautés autochtones sont exclusivement des hommes, rendant presque impossible le dépôt de plaintes pour violences sexuelles.

Le cas préoccupant des Violences Sexistes et Sexuelles (VSS) envers les femmes migrantes dans la région du Darién, en 2023. Infographie basée sur des données issues d'un rapport de Médecin Sans Frontière (MSF) publié en décembre 2023. @Coralie Lozat (mars 2025)

Même lorsque les procureurs identifient des cas d’abus, la possibilité qu’une procédure aboutisse reste infime. Le manque de ressources et de coordination entre les autorités complique les enquêtes et réduit les risques de sanctions. Lorsque les autorités tentent de rendre justice aux victimes – ce qui demeure exceptionnel –, les méthodes employées sont souvent inadaptées et manquent de confidentialité. Par exemple, HRW a été témoin d’une scène où un fonctionnaire du Senafront demandait à un groupe de dizaines de personnes de lever la main si elles avaient subi des violences sexuelles. De plus, les obstacles à l’obtention de preuves médico-légales sont nombreux. Pour réaliser des examens médicaux, les victimes doivent se rendre à La Palma, située à environ deux heures de route de Metetí, ce qui rend l’accès à la justice encore plus difficile.


Fermeture des centres du Darién : quel avenir pour les migrants ?

La fermeture du Darién ne mettra pas un terme aux souffrances des migrants, malgré les affirmations du président Mulino. Il est essentiel de rappeler que ceux qui migrent le font pour échapper à des conditions de vie catastrophiques, qu'elles soient économiques ou politiques. Durant leur migration, il est de la responsabilité des États de protéger ces derniers et de garantir leurs droits fondamentaux.

Il est évident que fermer la frontière du Darién n’arrêtera pas les migrations ; cela obligera simplement les migrants à faire face à un dilemme encore plus complexe : rester dans leur pays malgré leurs conditions de vie précaires voire dangereuses, ou partir, en empruntant des routes encore plus périlleuses que les précédentes dans l’espoir d’atteindre l’Amérique centrale..

De plus, ceux qui avaient déjà entamé leur route vers les États-Unis et ont décidé de rebrousser chemin face à l'arrivée de Trump à la Maison Blanche devront, tôt ou tard, traverser à nouveau le Darién, dans des conditions encore plus éprouvantes qu'auparavant. Ils seront forcés de revivre l’enfer auquel ils avaient déjà échappé. Les politiques conservatrices et xénophobes du Panama ne résoudront pas la crise humanitaire. Au contraire, elles l'aggraveront, renforçant ainsi la complicité de longue date de l’État panaméen dans cette tragédie.

N'oublions pas que la migration n'est pas un crime, mais un droit fondamental.

Coralie Lozat


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